Mes poèmes : "cri"


cri
silence
brûlure
déchirure
sang
mot
seuil
blanc
absence
trace
poème


ai-je oublié des mots
je crois que j’ai l’essentiel des mots
qu’on doit utiliser
quand on veut écrire
un poème contemporain



...Ce jour-là, je devais être de mauvaise humeur contre la pratique poétique de certains de mes contemporains (ça m’arrive). Je lisais différents auteurs depuis quelques jours et je trouvais qu’ils utilisaient tous les mêmes mots, et qu’ils les utilisaient mal, de manière superficielle. Alors j’ai fait une liste de dix de ces mots agaçants (mes contemporains adorent les listes) et c’est devenu un petit poème sarcastique. Les deux mots qui m’irritaient le plus, sur le moment, étaient « seuil » – apparemment incontournable depuis Dans le leurre du seuil de Bonnefoy – et « déchirure » – tous ces poètes déchirés, ça fait désordre, non ?
Mais ce qui m’amuse le plus, c’est que la liste toute seule, telle quelle, ressemble vraiment beaucoup à ce que pourrait être l’un de ces poèmes contemporains au premier degré qui m’avaient agacés.
Patrice Maltaverne a publié ce poème dans le n° 38 de sa Traction-Brabant, avec une légère différence : le dernier mot y était « résistance », mais je l’ai depuis remplacé par « poème »…


  Œuvre d'Annette Messager

2 commentaires:

  1. Murièle,Je passe par le truchement de votre blogue pour vous répondre.Bien le merci pour votre commentaire au sujet de "corps de métiers...", ça fait plaisir. Peu de "regardants" en laissent.Mais bon, on ne peut pas faire que ça non plus!
    J'apprécie votre blogue qui allie publications de poèmes et réflexions et regards critiques.A ce propos, concernant la dernière phrase de votre texte sur les "lieux"...Oui, il en est de même pour tous les sujets et thèmes abordés en poésie et particulièrement en poésie, car il faut prendre le temps de s'imprégner d'un lieu, d'une situation, d'une émotion, les digérer, les transformer puis les recracher sous une forme personnelle et originale qui ne sera plus jamais originelle. Il ne s'agit pas nécessairement que la chose soit vécue de l'intérieure, elle peut être observée avec minutie et précision, jusqu'à sa structure quasi moléculaire, comme avec un M.E.B.
    Bien à vous, F. Biger

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  2. Merci pour votre lecture attentive et pour ce commentaire. Oui, vous avez raison, ce que je disais des lieux peut en fait s'appliquer à tout ce que la poésie aborde. Et "l'imprégnation" peut se faire de différentes façons, bien sûr...

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